Temps un peu frais ce matin, mais toujours beau et devenant nuageux en fin d'après-midi.

Le bus de l'Agriturismo nous conduit en ville devant l'office du tourisme.

Après avoir récupéré quelques compléments d'informations nous partons à la découverte de Matera - l'une des plus anciennes villes du monde - et des Sassi - ensemble d'habitations troglodytiques creusées dans la roche. Les premières traces d'habitation remontent à plusieurs milliers d'années.

Nous commençons par sasso Caveoso et ses multiples églises rupestres puis nous rejoindrons le sasso Barisano - plus structuré - en passant par la place du Duomo.

Sous la place Vittorio Veneto il ne faut pas manque non plus le "Palombaro Lungo". Immense réservoir d'eau sous terrain de 50m de long et 16m de haut, l'un des cinq réservoir d'eau de la ville entièrement creusé à la main au XVIè siècle. Il a été fermé dans les années 1920.

On navigue entre ces habitations entassées les unes sur les autres. On monte des escaliers, on descend des ruelles et inversement.

L'ensemble est à voir ainsi que les différents points de vue offerts.


Ce texte du journal Libération vous permettra de connaître un peu de l'histoire de Matera :

"Grâce à l’engagement de ses habitants, la petite ville troglodyte du sud de la Péninsule, autrefois célèbre pour son insalubrité, a réussi à mettre en valeur son décor biblique, aujourd’hui inscrit à l’Unesco. En 2019, elle sera capitale européenne de la culture.

Parler de Matera dans les années 30, c’était évoquer ses tréfonds de pierre, une ville obscure et laborieuse, façonnée dans la roche et la misère. Mais en l’espace de quelques décennies, cette cité troglodyte a bien changé. Nichée entre les Pouilles et la Calabre, dans la belle région de la Basilicate, elle offre aujourd’hui une tout autre vision : un chaos grandiose de maisons et d’églises perdues dans un lacis de ruelles creusées à flanc de ravin.

En 1935, l’artiste italien antifasciste Carlo Levi (1902-1975) fut assigné à résidence dans la région pour ses idées. Il y découvre la rudesse des conditions de vie. Dans son livre Le Christ s’est arrêté à Eboli (1945), il parle d’une terre abandonnée des dieux, «sans consolation ni douceur»,mais attachante, où il choisit finalement d’être enterré.

Typhus. Avant la Seconde Guerre mondiale, 15 000 personnes habitent dans les Sassi, ces caves typiques de Matera. Mais la roche, sédimentaire, qui s’effrite comme du sable au point qu’il est possible d’y creuser à mains nues, mène la vie dure aux habitants. Ils se chauffent au fumier, cohabitent avec leurs animaux domestiques, poules, mulets, cochons, et conservent l’eau de pluie grâce à une immense citerne. Située sous l’habitation, celle-ci rend l’air terriblement humide. Et dans le ravin qui enserre la ville, la malaria, le typhus et la tuberculose rôdent parmi les déchets. A Matera, la mortalité infantile atteint alors les 50%.

Antoinetta Lapacciana, aujourd’hui âgée de 73 ans, a vécu jusqu’à ses 14 ans dans ce calvaire de pierres. Quand elle se souvient de cette jeunesse à casser des cailloux, son regard se voile et sa voix se charge d’émotion : «Nous étions neuf personnes entassées dans une grotte. Nous travaillions dur, très dur. Il fallait toujours nettoyer l’intérieur, à cause des animaux et de leurs excréments.» Avec sa famille, elle fut l’une des premières à quitter les lieux : «Nous avons réuni nos affaires, nous avons chargé les mules et nous sommes partis, sans nous retourner.»

«Honte».Dans les années 50, le président du Conseil italien d’alors, Alcide De Gasperi, revient choqué de ce qu’il surnomme la «honte de l’Italie». Une loi d’évacuation des Sassi s’ensuit. Sur les hauteurs de la ville, sur ces «Sassi de la honte», sont alors bâties des HLM colorées pour reloger les gens. La nouvelle Matera est née. Il y a une école, un cinéma, du confort, de la modernité. En contrebas, l’ancien quartier est vidé et devient un secteur à éviter, squatté et mal famé."


Aujourd'hui la population est d'environ 3000 habitants et est réservé aux résidents de Matera.